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Quelques précisions sur la perception des violences

Les quelques précisions historiques sont tirées de mon article : Quand le mari avait le droit de corriger sa femme, paru dans la Revue de Généalogie Française (RFG), oct/nov 2017, n°232, p.42/45. Article achetable à l’unité sur la boutique de la RGF.

 

En 1993, une déclaration de l’ONU vise à l'élimination de la violence à l'égard des femmes et précise que la violence à l'égard des femmes traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes. La violence se conjugue au pluriel : elle est physique, morale et sexuelle.

 

En 2010, en France, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le gouvernement institue la lutte contre les violences faites aux femmes, cause nationale.

 

Le 3 août 2018, sous la présidence d’Emmanuel Macron, le gouvernement renforce la lutte contre les violences sexuelles et sexistes afin de les prévenir, d’accompagner les victimes et sanctionner les agresseurs. Pour comprendre la dénonciation publique des violences faites aux femmes et les tentatives d’y remédier, pour les déconstruire mentalement et physiquement, un bref historique s’avère nécessaire. Les violences faites aux femmes ont longtemps été admises « comme normales » par différentes sociétés au cours des siècles.

 

Composé de 1792/1750 av. JC., le Code Hammourabi, recueil juridique du ProcheOrient ancien, et antérieur aux lois bibliques, précisa :

*art.143. « Si (l’épouse) n'est pas circonspecte et traîne dehors, dilapide sa maison, néglige son mari, on la jette à l'eau. » (et si le mari fait de même? )

*art.209. « Si un homme frappe une femme née libre et qu'elle perde l'enfant à naître, il paie dix shekels d'argent pour sa perte. » *art.210. « Si la femme meurt, sa fille à lui doit être mise à mort. » (bref la fille innocente meurt à la place de l’homme violent, une justice injuste et très genrée)

 

Au 2ème Siècle av.JC., le juriste romain Caton l’Ancien affirma « Le mari est juge de la femme ; son pouvoir n’a pas de limites ; il peut ce qu’il veut. Si elle a commis quelque faute, il la punit ; si elle a bu du vin, il la condamne ; si elle a eu commerce avec un autre homme, il la tue. »

 

En 1200/1240, le droit coutumier de Normandie précisait que « La femme doit obéissance à son mari dans beaucoup de choses, dans la plupart des choses et presque pour chaque chose. » Et que « Le mari peut châtier sa femme à la manière des enfants qui n’ont pas encore l’âge de raison. » La femme est présentée comme une mineure à surveiller. Plusieurs Coutumes régionales ou urbaines rédigées entre le 12e siècle et le début du 15e siècle reprirent ce droit de battre sa femme.

 

En 1283, les Coutumes du Beauvaisis autorisaient les violences des hommes sur les épouses « sans que la justice ait le droit de s’en mêler. Car il est permis à l’homme de battre sa femme pourvu que la chose n’aille pas jusqu’à la tuer ou même l’estropier, surtout si sa femme s’est attirée ces mauvais traitements par quelques fautes graves. »

 

En 1359, les Coutumes de Bordeaux affirmaient qu’un mari ayant tué sa femme dans un accès de colère n’encourait « aucune peine, si par serment solennel, il s’en confessait repentant. » Ces Coutumes installèrent le droit de corriger son épouse sans que la justice ne puisse intervenir. La tradition formata les mentalités et perdura jusqu’au siècle des Lumières.

 

Au 18ème siècle, peu de juristes furent éclairés sur la condition des femmes battues. Il est difficile de changer des traditions. En 1761, dans son Traité des Obligations, le jurisconsulte Robert Pothier confirma que « l’épouse (malheureuse ) ne doit opposer que la patience aux mauvaises manières de son mari et même à ses mauvais traitements. Cela ne doit pas l'empêcher d'aller, dans toutes les occasions, au-devant de tout ce qui peut faire plaisir à son mari et elle ne doit pas le quitter, à moins que les choses ne soient portées aux plus grandes extrémités ». Prémices du Sois-belle et tais-toi !

 

En 1825, l'arrêt Boisboeuf de la Cour de cassation entérine la compétence de la justice pénale en matière de violences conjugales. Ce texte fera jurisprudence sans produire de vrais résultats dans l’immédiat.

 

En 1999, au vu des violences faites aux femmes dans tous les pays, l’ONU institue le 25 novembre comme la journée de lutte contre les violences faites aux femmes dans le monde. Depuis, les choses évoluent, trop lentement sans doute, mais la violence est dénoncée et l’éducation doit veiller à maintenir la garde pour les générations futures.

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